Choisir l’intitulé "Écrire un Mouvement", c’est (ré)affirmer que l’écriture est au cœur de mes recherches, que ce soit l’écriture du mouvement et de l’espace, telle qu’on l’entend en danse contemporaine, l’écriture dramaturgique ou de la mise en scène, telle qu’on l’entend au Théâtre, l’écriture du texte, telle qu’on l’entend chez l’écrivain, celle de l’image au cinéma ou dans l’art vidéo, ou celle du son dans la poésie sonore.

Tout est écriture. Comprendre et percevoir en premier lieu. Nous écrivons le monde au fur et à mesure que nous le percevons, et chaque événement, aussi anodin qu’il puisse paraître, s’articule au récit immédiat de notre entendement.

Créer ce serait écrire à nouveau, récrire ces interprétations spontanées, et les adresser. C’est-à-dire écrire ce mouvement, cette volonté composée de mouvements, qui tente d’aller vers quelqu’un d’autre, et qu’on nomme communément : la relation au public.

Au-delà, "Écrire Un Mouvement", c’est aussi entendre "un mouvement" en tant qu’action collective. Il semblerait que la nôtre consisterait à cultiver un certain rapport à la vigilance et à la création, où il serait moins question de produire du discours que de participer à la production d’une vigilance à l’aune de la vulnérabilité humaine.

Et si créer est un acte de résistance, alors cette résistance se manifesterait davantage dans des manières de faire et de penser que dans les "objets" réalisés. Parce qu’il ne s’agit pas d’une résistance négative ou militante face à un contexte ou un système, il ne s’agit pas de produire des oeuvres politiques mais des manières de faire politiquement de la création. Une résistance poétique s’il se peut, un art du vivre et de l’agir, s’il en est.
Thierry Escarmant

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